Ben-Hur – Arrête ton char !

Ben-Hur 2016 afficheCela faisait longtemps que l’on avait pas entendu parler du destin de Judah Ben-Hur, ce prince de Judée injustement condamné aux galères, trahi par Messala, son ami d’enfance romain, et qui finit par le dominer à la course de chars dans les arènes de Rome. Cet histoire de vengeance et de rédemption, à l’époque de Jésus Christ, est universelle depuis le roman écrit par le général américain Lewis Wallace en 1880. Après 30 000 versions différentes, il revient au galop le 7 septembre au cinéma pour une cuvée 2016 inégale.

 

Autant le dire tout de suite, aucune adaptation de Ben-Hur, version 2016 incluse, ne respecte vraiment le roman d’origine. Les grandes lignes sont là, la plupart des moments clés aussi, mais il y a de nombreuses variantes, y compris dans la version de 1959, même si c’est probablement celle qui a le plus de similitude avec le livre de Lewis Wallace.
Ben-Hur a eu de nombreux visages et de nombreuses versions, qu’elles soient non-officielles (le court-métrage de 1907 avec Herman Rottger), cinématographiques (celle de 1925 avec Ramon Novarro, de 1959 avec Charlton Heston, la plus connue, et 2016 avec Jack Huston), télévisuelles (2010, avec Joseph Morgan), radiophoniques, théâtrales et même animées (notamment une en 2003 où Charlton Heston prête sa voix).

 

Des changements scénaristiques intéressants…

Les principales nouveautés dans cette énième adaptation réalisée par Timur Bekmambetov, mis à part la mise en scène dont on reparlera plus loin, tiennent aux changements opérés dans le récit. Certains évènements ou actions diffèrent du film de 1959, mais aussi du roman.
Ainsi, les plus gros changements concernent le statut même de Ben Hur (Jack Huston, plutôt correct) et le chemin qui le conduit à l’affrontement contre Messala (Toby Kebbell, beaucoup moins convaincant) lors de la – très attendue – course de chars. Attention spoilers Au lieu de sauver le consul romain Quintus Arrius lors de sa période dans les galères – ce dernier l’adoptait et lui permettait d’intégrer la société romaine – il le laisse désormais mourir dans l’indifférence. Ben-Hur échoue sur une plage, recueilli par le Cheikh Ilderim (Morgan Freeman, tout en dreadlocks et en petite forme). C’est ce personnage qui va l’entrainer à la course de char.

Ben-Hur Jack Huston et Morgan Freeman

Ben-Hur et Ilderim avant la course de chars

De plus, le film insiste davantage sur la relation entre Ben-Hur et Messala (cf la scène d’exposition, où leur course amicale est mise – un peu maladroitement – en parallèle avec la future course de chars).
On voit le passé de Messala lorsqu’il intègre l’armée romaine, jusqu’à son retour en Judée.
Judah Ben-Hur a un caractère plus affirmé. Il prend plus d’initiatives qu’avant, n’hésitant pas à s’accuser de la tentative de meurtre de Ponce Pilate lorsque les romains traversent la ville, pensant que cela épargnera sa famille. Et décide de donner des directives aux esclaves durant la scène des galères, pour tenter de survivre.
Les rebelles judéens sont mis en avant, au point d’en faire de l’un deux le point de départ indirect de l’arrestation de Ben-Hur. Toute la partie où Ben-Hur recherche sa mère et sa sœur, atteintes par la lèpre, puis guéries grâce à Jésus, est rapidement montrée. Le personnage de Jésus (Rodrigo Santoro, aka Xerxes dans le film 300) est beaucoup plus présent, là où le film de 1959 ne montrait jamais son visage, ni ne laissait entendre sa voix, le présentant uniquement de dos, ce qui lui conférait une présence beaucoup plus mystique.

 

…mais une mise en scène bancale.

Tous ces éléments illustrent de manière différente l’histoire, et font partie (à quelques exceptions et habituelles erreurs historiques près…) des bonnes surprises de cette nouvelle adaptation. Et pourtant, ce film déçoit. Pour avoir revu très récemment le film de William Wyler, épopée de 3h40, le jugement est sans appel. Le film peut être perçu comme trop long de nos jours, mais sa mise en scène était sobre et majestueuse. Le film de Bekmambetov, lui, ne pourra jamais se vanter de ça !
Embrassant de plein fouet la mode du shakycam, du montage surdécoupé durant les scènes d’actions et d’un cadrage souvent approximatif, Ben-Hur 2016 ne peut tout simplement pas rivaliser. Et c’est extrêmement frustrant de devoir dire cela à propos d’un péplum aussi populaire que celui-ci, car il méritait un bien meilleur traitement !

Ben-Hur et Messala

Ben-Hur et Messala aux coude-à-coude

On a certes droit à des moments très prenants (particulièrement la scène des galères, assez impressionnante malgré tout) mais d’un point de vue global la mise en scène n’est clairement pas à la hauteur.
Ne pas mettre une star pour le rôle principal est plutôt le bienvenu, mais le casting manque d’émotion et l’ambiance générale a parfois un arrière goût de teen-movie, la cible du film étant clairement les ados, et pas les vieux qui connaissent la version avec Charlton Heston.
Les costumes, bien que corrects, sont parfois trop modernes pour leurs temps, Ben-Hur donnant l’impression de porter carrément un jean de temps à autres…
Enfin, il faudrait indiquer à la Paramount que moderniser une épopée ne veut pas dire forcément qu’on doive mettre une chanson d’Andra Day avant même que le générique de fin ne commence, c’est un superbe anachronisme et c’est surtout complètement hors sujet…

 

Conclusion
La comparaison avec le classique de William Wyler avec Charlton Heston est inévitable, et fatale à tous les niveaux pour ce Ben-Hur version 2016. Cela reste tout de même un film divertissant par ses choix de scénario différents, mais qui n’atteint jamais le niveau que l’on était en droit d’attendre d’une telle épopée. La faute notamment à une mise en scène et un montage cahotant, des costumes parfois étranges, et une musique de fin totalement hors sujet et hors époque.

 

http://www.youtube.com/watch?v=3BmeR9GYdDU

 

Pour aller plus loin avec son char

profil TLeroux

Thomas LEROUX

Passionné de ciné (fantastique, science fiction, mais pas que), séries, animes, jeux vidéo etc. Thomas Leroux cherche la petite bête partout où elle se cache. Accessoirement, il est aussi co-créateur (avec Gillen Azkarra) et administrateur du site Le Mont des Rêves ! (mais pas que...)

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