Entretien avec Olivier Bérenval – Nemrod

Les 14èmes Rencontres de l'imaginaire - Olivier Bérenval

Olivier Bérenval

Nous avions croisé Olivier Bérenval lors des 14èmes Rencontres de l’imaginaire, alors que son dernier livre, Nemrod, venait de sortir il y a à peine 1 mois. Il a pu nous accorder une interview début mars, dans l’ambiance décontractée d’un café atypique, entre 2 bruits de machine à café…


Entretien Olivier Bérenval Nemrod afficheLe Mont des rêves : Bonjour Olivier, nous t’avions interviewé la dernière fois à l’occasion de ton premier livre Ianos, singularité nue (sorti en 2015, voir notre interview audio). Peux-tu nous parler de ton nouveau roman, sorti il y a quelques mois ?

 

Olivier Bérenval : Il s’intitule Nemrod, et est sorti mi-octobre 2017. Moi et mon éditeur (Mnémos) étions content parce que la Fnac l’a retenu pour son mois d’octobre de l’imaginaire. Les chiffres de vente sont bons, ainsi que les retours des lecteurs et libraires.

 

Le MDR : Comment est né Nemrod ?

 

Olivier Bérenval : Après avoir écrit Ianos, qui était plutôt Hard-science, où j’avais fait beaucoup de recherches, j’ai voulu faire un space opéra beaucoup plus ludique et divertissant, dans les mêmes thématiques que l’on peut trouver chez Jack Vance ou Laurent Genefort. Un Planet opéra sans trop de concept scientifiques et qui privilégie l’aventure pure. L’histoire entremêle le destin de trois personnages.

 

Le MDR : Combien de temps as-tu mis pour écrire Nemrod, et quelles ont été tes inspirations ?

 

Olivier Bérenval : J’ai du l’écrire deux à trois fois plus vite que Ianos, parce que les idées venaient assez naturellement, les personnages étaient sympathiques. Du coup il y avait un plaisir d’écriture qui s’est matérialisé très vite.
Concernant l’histoire, cela peut paraître très ambitieux, mais je voulais faire une sorte d’Hypérion à la française. Il y a évidemment beaucoup d’auteurs français très talentueux comme Pierre Bordage, qui ont fait des Space opéra, mais je voulais entremêler, comme l’a fait Dan Simmons dans Hypérion, à la fois une histoire et un long poème, qui servirait de toile de fond à cette histoire. C’est un exercice assez difficile, puisque le poème doit pouvoir s’insérer dans une histoire de SF. J’ai trouvé que l’idée de Dan Simmons, qui avait choisi Keats, un auteur non-contemporain, était intéressante. Et dans la littérature française, Victor Hugo était à peu près le seul, avec le souffle lyrique, qui pouvait s’insérer dans une histoire de SF. Je lisais La légende des siècles, qui m’a inspiré pour écrire le roman, et un dialogue s’est en quelque sorte établi entre le recueil de poèmes d’Hugo et l’histoire de Nemrod. Cela m’a donné des idées de chapitres, et m’a beaucoup inspiré pour la fin du roman.

 

Le MDR : Pourquoi ce titre ?

 

Olivier Bérenval : Nemrod est le nom d’un personnage biblique, le « roi-chasseur » à l’origine de la tour de Babel, qui voulait se mesurer à la puissance divine. Et par extension, c’est devenu le symbole du chasseur ultime, un peu comme la Diane chasseresse chez les Romains.
Et c’est bien sûr aussi en référence au poème d’Hugo dans La légende des siècles, qui s’achève avec ce personnage de Nemrod.

 

Le MDR : Comment as-tu structuré Nemrod ?

 

Olivier Bérenval : Je voulais que les trois personnages principaux aient une tonalité différente. Tjasse (prononcez «Tiasse», ndlr) un jeune adolescent – toute ressemblance avec le jeune Luke Skywalker est totalement fortuite – a une tonalité assez bucolique, rêveuse. Il est confronté rapidement à des évènements tragiques. Je voulais ensuite un personnage assez amusant, truculent, qui apporte une touche de légèreté. Ce que j’ai trouvé en Czar Santo, un détective intergalactique, une sorte de Vidocq, qui a régulièrement des prises de bec avec Booz (prononcez « Boz », ndlr), son omnicom intégré dans sa tête. Cela donne une bonne dynamique entre les personnages. Enfin, Giana Miracle, soldate des forces de la communauté, apporte son pendant d’action, avec un côté science-fiction / militaire, ainsi qu’une histoire d’amour. Les personnages se répondent bien et son confrontés à un mystérieux adversaire, une entité extraterrestre qui apparaît dans un coin de la communauté. Cette entité se comporte comme un dévoreur de monde, un peu comme Galactus. Il a un petit côté Chtulhu aussi, et certains passages sont assez Lovecraftien dans l’esprit. C’est assez chtonien, car je voulais que l’extraterrestre soit vraiment « autre », une force destructrice, et crédible dans son inhumanité. Cela a été très plaisant à écrire, parfois plus que dans Ianos, où lors des corrections je remettais parfois en question telle ou telle théorie scientifique.
Il y a deux éléments de science-fiction dans Nemrod, ce sont les intelligences artificielles qui régentent cet empire galactique, et le concept de la terraformation. En partant du principe que la terraformation de tous ces système est imparfaite, plutôt que de terraformer les planètes, on va adapter les humains à des environnements différents.
Ce sont des idées qu’il y avait chez James Blish dans son roman Semailles humaines, mais systématisées. A partir du moment où la communauté veut étendre son empire, elle envoie des « vaisseaux-ruches » avec des embryons encore vierges. Puis va adapter les humains en fonction des biosphères des planètes. Ce désir d’expansion se traduit donc par une modification systématique de l’être humain.

 

Le MDR : L’IA dans la tête de Czar Santo apporte aussi un côté cyberpunk non ?

 

Olivier Bérenval : Oui, là on est plutôt vers du William Gibson, mais je voulais que ça reste assez ludique quand même. Parce que dans le cyberpunk, tout a été déjà à peu près fait, et l’idée était d’avoir une dynamique de vieux couple qui se chamaille, avec une tonalité plus chaleureuse que celle du cyberpunk, d’ordinaire plutôt froide.

 

Le MDR : Pour ton précédent roman, Ianos, tu avais dit qu’il était très inspiré d’Interstellar

 

Olivier Bérenval : En fait, j’avais dit qu’Interstellar s’était inspiré de Ianos (rires).

 

Le MDR : Dans Nemrod, on va donc dire qu’Hypérion s’est inspiré de ton roman…

 

Olivier Bérenval : Là ça sera plus dur à démontrer (rires) !

 

Le MDR : Et dans ton prochain livre, quelle sera l’inspiration ? Est-ce que tu as déjà un projet de prévu ?

 

Olivier Bérenval : La prochaine étape est un prequel à Nemrod, un « one shot » un peu plus court, et beaucoup plus orienté policier hard-boiled, sur une planète. J’ai écrit à peu près la moitié du roman.
L’idée est d’exploiter de nouveau l’univers de Nemrod, qui a paru particulièrement riche à mon éditeur. Cela serait effectivement dommage de passer directement à un univers différent, alors qu’il y a des histoires intéressantes à raconter dans celui-ci.

 

Le MDR : On conclue avec la « question qui tue » : De combien de signes est composé Nemrod ?

 

Olivier Bérenval : A peu près un million de signes, comme pour Ianos. J’essaye de faire court, mais je n’y arrive jamais (rires) !

 

Merci à Olivier Bérenval pour sa sympathie et sa bonne humeur.

Entretien réalisé le 8 mars 2018 à l’anticafé de Beaubourg.

Illustr. couverture : Wadim KASHIN pour l’atelier Octobre Rouge

Pour dévorer les mondes

Nemrod – Auteur : Olivier Bérenval – Ed : Mnémos – 2017

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Le Mont des Rêves

Si vous voyez ce cadre, c'est que cet article a été écrit au moins à quatre mains, qui ont fusionné pour donner naissance au Mont des Rêves ! :D

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