La Nouvelle-Angleterre est une des plus anciennes régions des Etats-Unis. Peu fertile pour l’agriculture, elle s’est rattrapée en accouchant notamment de nombreuses personnalités littéraires (Edgar Allan Poe, Howard Phillip Lovecraft et Stephen King entre autres, excusez du peu…) et même religieuses (Joseph Smith, auteur du fameux « Book of Mormon »). Il y a aussi le catcheur John Cena, mais on ne va pas le compter celui-là hein ! The Witch hérite un peu de tout ça (sauf John Cena évidemment…) et nous propose un conte à l’ambiance religieuse étouffante !
Sous-titré « Un conte populaire de la Nouvelle-Angleterre », The Witch nous plonge en 1630, 62 ans avant le fameux procès des sorcières de Salem dans le Massachusetts. Bannie de sa colonie par l’église pour n’avoir pas respecté leur autorité et avoir traité ses représentants de faux chrétiens, une famille très pieuse se voit contrainte de quitter la civilisation et de commencer une nouvelle vie en pleine nature. Mais la disparition mystérieuse de Samuel, le petit dernier, éveille la suspicion de l’oeuvre du démon. Le quotidien de William, le père, Katherine, la mère, Thomasin, la fille ainée, son petit frère Caleb et les deux plus jeunes Mercy et Jonas va en être bouleversé.
Distillant une ambiance lourde et oppressante – leur vie est perpétuellement régie par la culpabilité et le péché – accentuée par une musique bien dérangeante aux sonorités évoquant un peu celles de 2001 l’odyssée de l’espace (avec ses chants lancinants et oppressants allant crescendo), le film retranscrit (certainement) bien l’atmosphère de cette époque, où le moindre évènement étrange était considéré comme l’oeuvre de Satan. Ainsi, il s’agit de remettre en question les croyances et principes des personnages, leur faisant progressivement perdre leurs repères. Livrés à eux-mêmes au milieu de nulle-part, les membres de la famille pourraient survivre à la famine, le froid etc. Mais ce qui leur est insurmontable, c’est la sensation d’être abandonné par ce en qui ils croient.
Fidèle à son concept de conte populaire, The Witch propose évidemment la traditionnelle petite maison à la lisière de la forêt (dans de très beaux décors naturels), les comptines (qui parlent de « Black Phillip », le bouc élevé par la famille), mais aussi bien sûr une morale particulière (voir plus bas). Tout en symbolismes, on y trouve quelques scènes marquantes, notamment la scène de possession de Caleb, grâce à l’interprétation impressionnante du jeune acteur Harvey Scrimshaw.
Mais surtout, le film se paye le luxe de ne pas utiliser de « jump scares » inutiles ni de « shaky cam », ce qui renforce encore plus cette ambiance pesante sur les personnages, particulièrement les enfants, ne leur laissant aucun répit, aucun réel amusement autre que leur quotidien difficile et leur peur perpétuelle du péché. La tension augmente petit à petit jusqu’à la fin, assez inattendue.
Conclusion
Robert Eggers, dont c’est le premier long métrage, a réussi à faire un film inquiétant tout en évitant les facilités typiques de ce genre de films. Ici, pas de « jump scares », pas de « shaky cam » ni de gore exagéré. The Witch n’est pas LE film de l’année, mais c’est un bon film d’épouvante malsain, privilégiant l’atmosphère à l’action. Comme quoi c’est encore possible de nos jours !
Pour aller plus loin avec The Witch :
D’ailleurs même, un fait assez étonnant qui ne peut que renforcer d’une certaine manière l’admiration pour ce premier film, le réalisateur aurait repris des pans entiers de dialogues issus de l’époque. Cela donne un plus non négligeable côté immersion.
Effectivement, Eggers a dit qu’il s’était basé sur certains écrits de l’époque. En tout cas apparemment tu as aimé le film 😉